samedi 24 juin 2023

« On meurt pour une cathédrale, pas pour des pierres », Saint-Exupéry. La leçon du jeune Henri dans la tragédie d’Annecy.

 Tandis que la France est de nouveau plongée dans l’effroi de la barbarie après l’attaque d’Annecy, que des familles anéanties sont au chevet de leurs enfants, la figure du jeune Henri, 24 ans, qui s’est interposé face à l’agresseur, émerge comme une flamme d’espoir.

Il avait entrepris un tour de France des cathédrales, et partagé sur son compte Instagram les photos de ces joyaux de l’art roman et gothique qu’il découvrait au fil de sa marche. Sur l’une d’elle, cette  phrase prophétique de Saint-Exupéry : « On meurt pour une cathédrale, pas pour des pierres ; pour  un peuple, pas pour une foule. On meurt par amour de l’Homme, s’il est clé de voûte d’une  communauté. On meurt pour cela seul dont on peut vivre » ( Terre des hommes, 1939 ) Aux journalistes qui l’ont sollicité hier, il a répondu : « priez pour les enfants ».

 
Oui, en ce tragique moment, la seule réponse ne peut être que cette prière élevée vers le Ciel.
Et ceci nous conduit à nous interroger sur ce qui a pu le pousser à risquer sa vie en ces instants. Non certes pas la recherche d’une prouesse guerrière, d’un exploit, mais simplement ce qui devait être  
fait à ce moment-là, quand on est face au choix crucial de la vie et du risque de la vie.

  
C’est ce qu’a fait le colonel Arnaud Beltrame.
Quelles valeurs peuvent conduire un homme à cela ? Quel sens supérieur ?
Précisément, le même sens que celui qui prend corps dans l’élévation d’une cathédrale.
Aujourd’hui même, a lieu dans les Deux-Sèvres la visite du chantier consacré aux gradins qui  
porteront les statues monumentales restaurées au pied de la flèche de Notre-Dame de Viollet-de-
Duc.
 

La semaine dernière, ce sont les premières fermes périphériques qui ont été hissées avec succès dans le ciel de Paris pour prendre leur emplacement définitif. Fabriquées en atelier, ces fermes dites « périphériques », jouent un rôle essentiel dans le support de la charpente : elles encercleront la souche de la flèche et la relieront aux combles de la nef, du chœur et du transept.
A l’automne, ce sera au tour des fermes de la nef de rejoindre le chantier, depuis l’atelier Desmonts,  à Nassandres-sur-Risle, dans l’Eure, qui a eu la charge de reconstruire à l’identique la charpente de la  nef de la Cathédrale : environ cinq cents chênes en provenance notamment de la forêt de Bellême, en Normandie, ont été récoltés à cette fin. 


A l’été 2023, la célèbre flèche, sur cet échafaudage, devrait à nouveau s’élever dans le Ciel, indique le  Diocèse de Paris. Chaque jour qui passe conforte cette inscription qui résonne aujourd’hui avec  
force : « Non amplius dubito ».

 
Cette cathédrale est bien plus qu’un monument. Comme disait Saint-Exupéry, c’est aussi et surtout  un monument dédié à quelque chose qui dépasse l’homme, et que chaque action, petite ou grande, visible ou invisible, contribue à édifier. C’est une cause qui justifie l’offrande de soi.
Par son action héroïque et simple, Henri a donné un corps à cette prière qui l’animait dans sa marche  vers les cathédrales.

 

Sabine Faivre, psychologue, essayiste, auteur et éditorialiste pour Tysol France, Boulevard Voltaire, Deliberatio et Wolność, la parole libre.