mercredi 5 avril 2023

Polémique Bilal Hassani à Metz vue par Sabine Faivre

 La venue du chanteur homosexuel Bilal Hassani mercredi 6 avril dans une Eglise désaffectée de Metz,

Saint-Pierre-aux-Nonnains, suscite actuellement une intense polémique : une pétition a été lancée sur CitizenGo, intitulée : « Protégeons l’église Saint-Pierre-aux-Nonnains à Metz », et celle-ci a déjà recueilli plus de 4000 signatures.

Nous pensions pouvoir éviter ce type de polémique inutile qui fait honte, disons-le clairement, à l’Eglise universelle, mais surtout au message chrétien.

A la veille de la Semaine Sainte, les catholiques de Metz n’ont eu rien de mieux à faire, semble-t-il, qu’à lancer une offensive contre un chanteur qui choquerait, par son style de vie, la bien-pensance des mœurs, et porterait atteinte, rien de moins, qu’à la « France chrétienne dans ses fondements ».

Tels sont, en résumé, les propos tenus par François Billot de Lochner, de la Fondation de Service Politique, dans l’émission de Cyril Hanouna hier sur TPMP. « Cette Eglise du 4e siècle est l’Eglise la plus ancienne de France. La France est objectivement sur des racines chrétiennes, cette église-là, du 4e siècle, fait partie des racines chrétiennes de la France » a-t-il soulevé.

Ces propos ont suscité des réactions indignées des invités sur le plateau, dénonçant un faux prétexte, masquant une « homophobie » larvée.

Le seul à avoir défendu sa position adverse est Benjamin Castaldi, qui a expliqué : « aujourd’hui, excusez-moi, on peut pouvoir dire dans ce pays qu’on est remué, qu’on est choqué quand on est chrétien, quand on est juif, quand on est musulman », et enchaînant : « on peut pouvoir le dire. A force de prôner la tolérance, vous devenez intolérants, il y a des chrétiens qui peuvent être choqués, je suis désolé », a-t-il conclu.

Ces propos ont immédiatement suscité une réaction outrée, un constat dont tout le monde sait qu’il est vrai mais que personne, dans le camp anti Hassani, ne voudra reconnaître : « c’est parce qu’il est homosexuel ».

François Billot de Lochner ne s’est pas exprimé sur ce thème, il a fait un exercice d’équilibriste pour expliquer que, selon lui, aucun chanteur n’aurait le droit de venir se produire dans une Eglise.

« Une Eglise, même désaffectée, n’a pas à être un lieu de concert » a-t-il tenté d’expliquer. Cette position surprenante est un argumentaire assez périlleux, compte tenu de la fréquence de soirées de rock ou de louange chrétienne dans les Eglises.

Comment, alors, justifier d’une telle levée de bouclier contre un chanteur transgenre, sinon, par le rejet de ce mode de vie et de sexualité, qui choquerait la pudibonderie des catholiques traditionalistes, gardiens auto-proclamés de l’héritage chrétien, de la « France éternelle » ?

Mais au fait, quel est-il, cet héritage chrétien : une Eglise, des murs, un édifice ? ou bien un message vivant ? Défendons-nous des pierres, ou une parole ?

On ne peut que regretter, à la veille de ce temps pascal, que le message du Christ, celui qui prenait ses repas avec les publicains et les pécheurs, accueillait les larmes, le parfum, les baisers de Marie-Madeleine, la prostituée, soit ainsi si cruellement dénaturé.

Si Marie-Madeleine revenait aujourd’hui, serait-elle accueillie comme la première des apôtres dans nos églises, mourantes faute de savoir aimer ?

Alors, à la veille de Pâques, Bilal Hassani, vous êtes et serez toujours le bienvenu.


Sabine Faivre, psychologue essayiste et éditorialiste pour Tysol France, Boulevard Voltaire, Délibération et Wolność.