Le père François de Foucauld, 50 ans, prêtre du Diocèse de Versailles, a mis fin à ses jours dans la nuit du 30 juin au 1er Juillet. Son corps a été retrouvé en forêt de Rambouillet, selon les indications du communiqué publié le 1er juillet par l’évêque de Versailles, Mgr Luc Crépy.
« Prêtre depuis 18 ans pour le diocèse de Versailles, il a exercé dans plusieurs paroisses du diocèse. Suite à des difficultés de son ministère, il n’avait pas de mission depuis septembre 2021 » explique l’évêque, avant de conclure « nous partageons la peine de tous ceux qui ont pu le connaître et l’apprécier dans son ministère paroissial, nous portons ensemble dans la prière le père François, sa famille et ses amis, en demandant au Seigneur de l’accueillir dans sa miséricorde ».
Sans ministère depuis le 1er septembre 2021, le père François de Foucauld avait publié une tribune poignante dans la Croix le 2 décembre, intitulée « La contrainte au silence dans l’Eglise ne passe plus », pour alerter sur les abus de pouvoir au sein de l’Eglise, dont lui-même était victime.
Il y dénonçait les mécanismes et ressorts de l’Institution dans l’accompagnement des victimes, et appelait urgemment l’Eglise à « édicter des règles objectives de gouvernance ».
Il citait en particulier le poids mortifère de la loi du silence, l’écrasement par le « pouvoir » de décision confisqué par quelques uns voire d’une seule personne autour d’un cercle restreint, l’entre soi, l’absence de considération réelle et de bienveillance dans l’accompagnement des personnes, pointant une véritable « mécanique abusive » : avec une palette de moyens de pression psychologiques utilisés : la peur, la culpabilisation des victimes présentée comme fragiles ou même psychiatrisées de façon unilatérale sans autre diagnostic, le déni, la chosification, ou réduction à l’état d’objet ou de dossier à régler. Il ajoutait aussi la privation de droit, la personne ciblée n’ayant pas les outils pour se défendre devant une cour de justice.
Dans ces cas là, la personne devenait une sorte de jouet dans les mains de son ou de ses supérieurs, ici en l’occurrence l’évêque, qui « s’arroge le dernier mot », avec des prises de décisions non concertées, non justifiées, et en se couvrant derrière la sacro-sainte « obéissance ».
Ceci conduit en réalité à des abus, que le père François de Foucauld a payés de sa vie. « Nous ne sommes qu’à l’aube d’un nouveau débat sur les abus de pouvoir dans l’Eglise et les questions qu’il soulève » expliquait-il au début de sa tribune.
En cela, il appelait de ses vœux un nouveau chantier, pour « clarifier et baliser dans l’Eglise les étapes de l’exercice de pouvoir » selon le modèle des études de pénibilité en entreprise : partir du vécu des personnes pour adapter la réponse aux douleurs, au ressenti exprimé, comme en kinésiologie.
Ainsi, il lançait un cri d’alarme, qi résonne aujourd’hui de façon absolument tragique : « c’est un hôpital de campagne qu’il faut ouvrir dans chaque diocèse pour nous mettre à l’écoute des personnes ayant subi ces abus ».
Ici il pointait du doigt la responsabilité de la hiérarchie de l’Eglise dans l’accompagnement de ses prêtres. Sa mort tragique résonne non pas seulement comme un appel à plus de solidarité, ni même à la seule demande de compassion, mais comme un examen urgent, vital, de conscience, de contrition, et surtout de réparation pour toutes les victimes silencieuses d’un système qui se révèle parfois être plus souvent une broyeuse d’hommes qu’un véritable tuteur de développement.
Et ceci nous interroge aussi sur le sens profond de ce qualificatif donné à l’Eglise : être une « experte en humanité », c’est d’abord de garder en vie ceux qu’elle appelle à la mission.
Sabine Faivre,
psychologue, auteure de "La vérité sur l'avortement aujourd'hui" et éditorialiste chez Boulevard Voltaire et Tysol France.
C’est par un bref communiqué que l’évêque de Versailles a annoncé hier, 1er Juillet, le décès du père François de Foucauld.