Hier soir, mercredi 13 juillet, se tenait à Paris la première réunion d’un groupe de réflexion sur les abus spirituels dans l’Eglise, lancé à l’initiative de Nicolas Jourdier, un ami proche du père François de Foucauld, retrouvé mort dans la forêt de Rambouillet dans la nuit du 30 juin au 1er juillet.
Celui-ci avait publié une tribune le 2 décembre 2021 dans La Croix, pour alerter sur les abus de pouvoir dont il se disait être victime. Tribune qui fut comme un immense cri de détresse. Ce cri résonne aujourd’hui avec une force accrue, terrible, rendue prophétique depuis son suicide.
Un des oncles de la famille, à qui le micro fut coupé durant les obsèques au Vésinet le 8 juillet, déclara d’une voix forte : « François, t’es tu suicidé ou t’ a-t-on suicidé ? »
Et ce, afin de désigner ceux qui, aujourd’hui contrits et fuyants, ont pu créer, par une succession de démissions, de peurs sans doute, d’une charité mal comprise ou de fausses-bonnes décisions, les conditions de ce suicide : ceux là même qui avaient pour mission de protéger, accompagner, écouter le père François, l’ont conduit à l’isolement, à l’exclusion, puis à la mort. Pourquoi ?
Pourquoi un tel enchaînement délétère à partir d’un dossier d’audit non communiqué puis supprimé, de lettres anonymes, d’accusations non fondées et soustraites à la connaissance même du principal intéressé ?
Ceux-là même qui aujourd’hui tentaient d’expliquer la mort du prêtre par ses fragilités psychologiques, ont poursuivi jusqu’au bout, en portant atteinte à la dignité même de la famille lors de ses obsèques, et tel Pilate se lavant les mains du sang du Christ, leur «arrangement avec la vérité » : Créon face à Antigone, préférant la loi des hommes et ses demi-compromissions, plutôt que la loi de Dieu, et refusant à un homme sa sépulture pour que cela serve d’exemple à tous les autres, parce qu’on ne brave pas impunément la cité des hommes.
Sa sœur Antigone refusa cette loi, et consentit à mourir elle-même pour que Justice soit rendue à son frère. Elle aussi était considérée comme une idéaliste, intransigeante, et c’est ce qui faisait sa force malgré sa fragilité physique. Morte, elle continuerait de hanter leur conscience, comme toutes les victimes des injustices d’un pouvoir tyrannique, absurde et criminel.
C’est pourquoi la phrase prononcée hier par le frère du père François résonne d’une façon puissante et tragique : et il faut se la répéter pour bien en mesurer l’absurde logique mortifère: « nous avons donné un frère à l’Eglise et elle nous l’a rendu dans une boîte ».
L'Eglise, que le prêtre nomma pendant son sermon, en osant affirmer, sans ciller, « qu’elle avait choyé François ».
A-t-il dit cela en regardant son cercueil ?
Sur ce drame, et que nul ne voudrait voir se répéter, il faudra faire la lumière, toute la lumière.
Cette exigence nous incombe, ne serait-ce que pour poursuivre le combat du père François et honorer sa mémoire : chercher la vérité, dire la vérité, faire la vérité.
Sabine Faivre, psychologue, auteure de "La vérité sur l'avortement aujourd'hui " et éditorialiste chez Boulevard Voltaire et Tysol France et bien sûr ici à Wolność, la parole libre.