Le 7 avril 2022, le magasine politique polonais wPolityce publie deux entretiens avec, les eurodéputés polonais Witold Waszczykowski ancien directeur de cabinet du ministère des affaires étrangères polonais et Ryszard Legutko philosophe, universitaire et ancien ministre de l'Éducation nationale de Pologne, qui ont dressé un constat amer sur la situation en Ukraine et plus largement en Europe.
Tout d'abord, le parlementaire européen Witold Waszczykowski déplore le manque de courage des institutions et des gouvernements européens concernant la résolution prise contre la Russie.
"Il s'agit d'une résolution de nature politique, elle n'engage pas juridiquement la Commission européenne ni les gouvernements, c'est simplement un appel, et c'est pourquoi elle a été adoptée par une telle majorité de députés européens, également allemands, qui veulent avoir un alibi pour ce qui se passe en Ukraine " - a-t-il déclaré.
Il y dénonce également l'hypocrisie des allemands qui " ne veulent pas rompre avec les Russes. Ils accusent Poutine et son entourage immédiat de la guerre en Ukraine, mais disent qu'ils doivent être prêts à tendre la main aux Russes et à reconstruire ces liens une fois le conflit terminé. Ils vivent encore dans cette conception politique, qui s'est créée sous Bismarck, ils pensent gérer en commun au moins notre partie de l'Europe et ne veulent pas rompre avec la Russie. Ils expliqueront que les crimes en Ukraine ont été perpétrés par des dégénérés et que tout l'État russe, toute la nation russe, ne peut être accusé pour cela."
Le député européen, Ryszard Legutko dénonce l'hypocrisie de l'Union européenne qui laisse la Pologne seule face au flot de réfugiés et refuse finalement de lui verser les fonds du plan de relance.
Concernant la position actuelle des états d'Europe occidentale, qui font dans la demi mesure, Ryszard Legutko pose un diagnostic plus que pessimiste.
"Lorsque nous examinons les réactions européennes dans le passé, cela s'est généralement produit ainsi. L'ouest de l'Europe n'est pas intéressé par combattre la Russie, mais elle veut plutôt la paix et la stabilité. On pense aussi qu'en Europe de l'Est les Russes doivent se sentir en sécurité, c'est leur sphère d'influence, etc. L'Europe de l'Ouest n'est pas notre alliée pour arrêter l'impérialisme russe. Parfois, cela se produit pendant une courte période, puis cela change. Pour les habitants de l'Europe occidentale, la Russie est quelque chose de permanent, tandis que l'Ukraine, et même les États baltes, sont un élément en mutation. J'ai moi-même entendu des journalistes occidentaux dire : "regardez la carte, ça montre que ça doit être une zone d'influence russe". Si nous pensons ainsi, il s'avérera soudain que la Pologne doit également être une zone d'influence russe. L'Ukraine, bien sûr, n'est pas membre de l'OTAN, mais si nous perdons la guerre pour l'Ukraine, la probabilité qu'en cas d'agression de la Russie contre les États baltes, l'OTAN agirait en solidarité en vertu de l'art. 5 semble de moins en moins sûre. Si les pays européens laissaient tomber l'Ukraine maintenant, alors à l'avenir, il y aurait des prétextes pour ne pas soutenir les pays de l'OTAN, s'il devait y avoir une agression contre ces pays, que Dieu nous en préserve." a déclaré le philosophe.
Florian Marek.
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