mardi 19 décembre 2023

Sur le temps : entretien avec le philosophe Florian Marek

A l' occasion de la sortie de son nouvel essai, voici l'entretien du philosophe Florian Marek avec Florian Marek.

-Florian Marek, vous êtes éditorialiste et philosophe vous, vous réclamez du stoïcisme, pourquoi ?

Bonjour Florian, oui je suis stoïcien. Parce que le stoïcisme est une philosophie de l'action et non une philosophie abstraite de bibliothèque. Le stoïcisme commande que nous vivions, selon notre nature humaine, dans le respect des vertus et d'accéder au bonheur par la maîtrise de nos émotions et passions. Le tout en discernant ce qui dépend de nous de ce qui n'en dépend pas, mais également d'accepter que nous ne sommes que de passage sur cette terre. Le stoïcisme demande que nous soyons exigeant avec nous même avant de l'être avec les autres. La philosophie du Portique est, pour filer la métaphore taurine, un "mano a mano" contre soi-même.

-Vous nous arrivez en cette fin d'année avec un petit traité sur le temps, que contient-il ?

Ce traité contient une réflexion sur le temps, l'usage que nous en avons et bien d'autres choses encore. J'essaie de défendre un point de vue stoïcien sur ce dernier.

-Dans votre livre vous nous parlez de grande année, qu'est-ce donc ?

La grande année, c'est le cycle du temps pour les stoïciens. Ce cycle se conclut par l'ekpurosis, une grande conflagration qui initie un renouveau sur terre et dans l'univers.

-Vous, vous agacez de l'usage de certaines expressions telles que "vivre avec son temps" qu'est-ce qui vous agace avec celle-ci ?

Ce qui m'agace, ce n'est pas que cela m'agace, mais quand même ! Cette expression est plus que péjorative elle renvoie à l'autre l'idée qu'il serait rétrograde. Croyez-vous que un Amish, qu'adore notre César jupitérien, soit ignorant fait des enjeux de notre époque? 

-Dans un chapitre sur la nostalgie vous nous sommez de vivre au présent, ne pas se projeter, ni savoir d'où l'on vient peut être dangereux, vous ne croyez pas ?

La nostalgie, c'est quelque part vivre dans le passé. Ce que le Amish ne fait pas, avoir un mode de vie décalé ne signifie pas forcément vivre dans le passé. La nostalgie, c'est le regret du passé, le fameux c'était mieux avant. Si avant était mieux qu'aujourd'hui, alors pourquoi ne pas l'avoir préserver pour que cet avant demeure présent ? Vivre au présent n'est pas dangereux, car aujourd'hui permet de digérer, de bonifier les enseignements ou de corriger les erreurs d'hier, pour que demain soit meilleur. Une chose que les homo boomerus n'ont pas faites. S'ils avaient voulu leurs lendemains qui chantent, ils auraient agit autrement. Pour paraphraser Marc Aurèle la nostalgie et l'espoir dans le futur sont des erreurs de jugement et peuvent mener a bien des souffrances, il ne suffit pas d'espérer que demain sera mieux qu'aujourd'hui, il faut le vouloir en agissant aujourd'hui et le passé ne reviendra pas.

Se projeter, ou espérer que demain sera mieux qu'aujourd'hui est purement spéculatif. Je préfère avoir la volonté et faire en sorte que. On peut avoir tout fait aujourd'hui, pour que demain soit meilleur, mais si, demain n'est pas meilleur, c'est que notre destin était de connaître pire qu'aujourd'hui. Cependant, il restera la satisfaction d'avoir tenté quelque chose.

-Vous dites que le temps est un indifférent et qu'il n'est pas précieux expliquez-nous votre position sur le sujet.

Le temps,  n'est pas un élément sur lequel nous avons prise. C'est un indifférent car il ne dépend pas de nous, c'est plutôt notre jugement et son usage qui le rendent précieux.

L'unité qui est précieuse c'est la vie. Le temps à commencer, vous savez il y a des milliards d'années et continuera encore des milliards d'années. La vie humaine n'est qu'une parenthèse dans cette éternité. Ce qui rend la vie précieuse, comme le disait Sénèque dans ses lettres à Lucilius c'est qu'à tout moment elle est derrière nous. Nous n'avons pas la vie devant nous car notre mort c'est le passé que nous charrions derrière nous. A n'importe quel moment le destin peut siffler la fin de la récréation. Nous mesurons la préciosité et la valeur de la vie son utilisation. Une vie à servir le bien, la vertu et la communauté des hommes a bien plus de valeur qu'une vie à servir le mal, le vice et son propre intérêt.

-Enfin vous, parler de temps pour et faite la part belle aux loisirs et à l'oisiveté, n'avez vous pas peur de passer pour un partisan de la paresse à l'image de la députée Sandrine Rousseau ?

Vous savez Florian, peu de choses me font peur. Peur ? Bien au contraire, car comme, jadis les grecs je fais le distinguo entre loisir et divertissement oisiveté et paresse. Vous savez comment les Grecs anciens nommait le loisir ? Ils le nommait shkolé, qui donnera notre mot école. Le loisir c'est le moment pendant lequel l'enrichissement financier laisse place à l'enrichissement de l'âme, du corps, l'acquisition des connaissances et des savoir. Tout le contraire de nos parcs de loisirs qui usurpent le mot, nous devrions y substituer le terme de loisirs par divertissements. Quel est pour l'âme le bénéfice à aller à Disney Land? Pour l'oisiveté, Thomas Hobbes disait qu'elle était la mère de la philosophie. Je pense que l'oisiveté, si elle sert à méditer et à penser elle peut être une bonne chose. Je vous invite à lire Le temps à soi et L'éloge de l'oisiveté de Sénèque si vous voulez approfondir le sujet. Et pour vos lecteurs, qu'ils prennent du temps pour eux.

-Dernière question votre prochain ouvrage sortira quand, puisque vôtre traité est comme la couverture l'indique le premier d'une série de cinq ?

Je pense qu'il arrivera d'ici avril prochain.

Merci Florian Marek.

Sur le temps, livre disponible sur : www.florianmarek-livres.fr

Propos recueillis par, Florian Marek.